— Qu’est-ce qui vous arrive ?
— Je me noie !
— Vous vous noyez ?
— Oui ! Je me noie.
— Une bouée ?
— Vous en avez une ? Je prends !
— La vôtre.
— La mienne ? Elle est percée. Je coule.
— Et les rustines, vous connaissez ?
— Stock épuisé. Trop de trous déjà réparés.
— C’est donc un nouveau trou, dans votre bouée qui fait que vous coulez.
— Perspicace !
— Perspicacité ! Ténacité ! Et vous ?
— Vous le faîtes exprès ? Bouée ! Trouée !
— Je me répète. Et vous ?
— Lassitude.
— Vos yeux !
— Qu’ont-ils mes yeux ?
— Ils disent tout autre chose.
— Vous êtes myope !
— 20/10 à chaque œil.
— Clairvoyant, en plus !
— En terme de bouée percée, un pro.
— Vous en étiez à me yeux. Eclairez-moi.
—Vifs. Pétillants. Ouverts.
— Embués.
— Fermez-les.
…
— Vous voyez ?
— Non ! Je sens.
— Que sentez-vous ?
— Mes joues mouillées.
— C’est parfait !
— Parfait ! Dîtes-vous ? Vous êtes fou !
— Oui ! De vous. Mais là n’est pas notre affaire. Touchez-les.
— Quoi ?
— Vos larmes !
…
— Vous sentez ?
— Oui.
— Qu’est-ce qu’elles font vos larmes ?
— Elles coulent.
— Exactement ! Vous comprenez ?
— Pas vraiment.
— Elles coulent. Et il n’y a qu’elles qui coulent. Pas vous ! De vos yeux pétillants à vos larmes qui coulent, elle est là, votre bouée, bien intacte. Prenez ma main. Posez-la sur votre cœur.
…
— Percevez-vous ?
— ?
—Les battements de votre cœur dans ma main.
— Je sens la chaleur de votre main.
— Ce sont les battements de votre cœur qui la réchauffe.
— Vous êtes fou !
— C’est un fait. Et vous savez très bien où se place ma folie. Je vous l’ai déjà dit.
— Et j’ai entendu.
— Venez dans mes bras.
— Vivez-moi !
— Vivons-nous !
— Vivons fous !
— Réchauffez-vous.
— Dans vos bras ?
— Dans mon cœur. Votre île.
MamzelleMelly…au coeur de l’île…
>>> Bien sûr, la reproduction de ce texte est interdite. Merci. <<<